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Les Traditions rituelles Sénégalaises

LE BAPTEME
 
La naissance de l'enfant chez les musulmans sénégalais :
 
Que se passe t-il à la naissance de l'enfant ?
Dès que l'enfant est sorti du ventre de sa maman, elle le prend et lui récite dans chaque oreille l'appel à la prière. Car pour les musulmans, tous les bébés qui arrivent dans ce monde sont musulmans. Ce sont les parents qui par la suite leur enseigne telle ou telle religion.
Une fois que la maman est rentrée chez elle (si elle a accouché à l'hôpital, car il y a encore beaucoup de femmes qui accouchent chez elles), elle place à la tête du lit de l'enfant un couteau enduit de charbon afin d'éloigner le sheitan (nom du diable chez les musulmans) de l'enfant.
Pendant une semaine, le bébé ne doit pas rester seul une seule seconde. Si la maman doit s'absenter, elle appelle un membre de sa famille pour veiller sur l'enfant. Ce bébé, qui serre dans ses poings les clés du Paradis, a besoin d'être protégé.


Quand a lieu le baptême ?

Le baptême a lieu 8 jours après la naissance. C'est un moment très important car c'est lors de cette cérémonie que les parents vont donner à l'enfant son nom, en présence d'un marabout. C'est pourquoi le baptême est également appelé la cérémonie d'imposition du nom.
 
 
 
 
 
 
Comment se passe le baptême ?

Après la prière du matin, les parents, la famille et les amis se rassemblent dans la maison des parents du nouveau-né. Des louanges à la famille de l'enfant sont dites et chantées, puis un nom est donné à l'enfant. Beaucoup de bénédictions (dwaous) sont faites par les plus pieux pour protéger l'enfant et la famille. La fête dure toute la journée : les gens dansent, chantent, mangent le repas de fête, le tieboudiène.
Vers 17 heures, les femmes revêtent leurs plus beaux boubous pour la soirée. C'est vers ce moment, que les familles s'échangent des cadeaux. La maman en reçoit beaucoup, elle est au centre de la fête.


L'INITIATION


S'il y a une tradition qui suscite de nombreux mystères, ce sont bien les rites d'initiation. Voilà quelque chose qui nous est tout à fait étranger…
Nous allons vous parler du rite d'initiation chez les Diola car c'est un peuple qui garde encore vivant ce rituel.
L'initiation est une longue cérémonie qui marque une étape importante de la vie de l'homme diola. Ce rite, très ancien, ne touche que les hommes. Au départ, il avait lieu publiquement, sur la place du village. Le moment central de la cérémonie était la circoncision, appelée Kahat. Mais pour préserver et protéger les traditions ancestrales, le rite devint secret et pris alors le nom de Bukut.

 La préparation

La cérémonie a lieu au village tous les dix ou vingt ans. La date est fixée par le conseil des Anciens, qui consultent des boekins, fétiches (rappelez-vous que les Diola sont un des peuples ayant le plus gardé de croyances animistes). Tous les garçons ayant l'âge d'être initiés sont préparés : on leur fait boire une boisson, dont la préparation reste secrète, qui les rendra invulnérables pendant la durée de l'initiation. Peu avant le début de la cérémonie, ils visitent la famille maternelle, reçoivent des cadeaux. On leur rase leurs cheveux, en leur laissant une seule mèche qui sera rasée à la fin de l'initiation.


                          Le départ

L'initiation a lieu dans ce que les Diola appellent le "Bois sacré". Son accès est strictement réservé aux jeunes initiés. Le jour de leur départ pour le Bois sacré, les jeunes garçons vont d'abord à la Mosquée puis près de l'arbre sacré pour rendre hommage aux fétiches. Tout le village est en fête : c'est un moment de joie et d'allégresse pour toutes les familles. Le village accompagne les jeunes à l'entrée du "Bois sacré" : c'est le moment de la séparation : les mères sont à la fois tristes de quitter pour un moment leurs fils, mais elles sont si fières !


                             La retraite du "Bois sacré"

Lors de leur retraite dans le "Bois sacré", les jeunes sont accompagnés par les anciens initiés et les féticheurs qui vont leur transmettre ce qui fera d'eux des hommes : les secrets, la morale et les principes de la religion animiste. Ils sont également soumis à de rudes épreuves physiques.
Pendant la retraite, les femmes préparent tous les jours le repas des initiés. Les grands plats sont laissés à l'entrée du bois. Le soir venu, les initiés vont les chercher, sans se faire voir de quiconque.
Afin de rassurer les mères, une rencontre furtive est organisée pendant la retraite. Les initiés revêtent un vêtement blanc qui leur couvre tout le corps, y compris la tête et le visage. Ils sont alignés et un ancien initié montre a tête de chaque garçon, un à un : les mères voient donc pendant 2 secondes le visage de leurs enfants : c'est un moment intense… Les cris, les percussions, les danses animent ce moment de liesse.

                         La sortie du "Bois sacré"

A la sortie de cette rude épreuve, les garçons nouvellement initiés ont le droit à un repos d'une semaine. Puis vient le jour de la grande fête où ils vont retrouver le village et leur famille : il est impressionnant de voir tous les plats qui ont été préparés !




Mais que s'est-il vraiment passé pendant l'initiation ?

Et bien vous ne le saurez jamais ! En effet, ce qui s'est passé reste un secret absolu que les initiés n'ont pas le droit de révéler aux non-initiés : celui qui violerait cette loi du silence prendrait le risque d'être frapper par la malédiction, ainsi que sa famille et, ce, peut-être pour plusieurs générations….


LA CIRCONCISION
 
La circoncision est un moment important du jeune garçon sénégalais. Dans la religion musulmane, la circoncision des jeunes garçons est une obligation. Mais cette pratique existait bien avant l'arrivée de l'Islam au Sénégal. C'était également une pratique animiste.
Aujourd'hui la circoncision prend plusieurs formes. Elle peut être associée à des rites d'initiation comme chez les Diola, à une émancipation sociale comme chez les Soninké, ou bien se résumer à un passage à l'hôpital quelques mois après la naissance. De nos jours, tous les garçons de 12-13 ans sont déjà circoncis.
Nous allons vous raconter ici comment se passe la circoncision chez les Soninké. Elle se rapproche beaucoup du rite d'initiation des Diola. Cet événement est découpé en trois moments clés :


Les jours qui précèdent l'opération


Les garçons allant être circoncis, accompagnés par le bawo, le maître d'initiation, font le tour de la famille et reçoivent des cadeaux. La veille de la circoncision, le chef des forgerons, le tagonxiriste, nomme les personnes qui seront chargées de pratiquer l'opération. Les hommes désignés devront s'abstenir de toute relation sexuelle jusqu'au lendemain. La nuit précédant l'opération, les jeunes garçons dansent en compagnie du bawo, qui récite des incantations les protégeant.






                        La période de retraite


Pendant quelques jours, le bawo reste seul avec les enfants, éloignés du village. C'est un moment où il remplit son rôle de transmission des valeurs comme la bravoure et la loyauté envers le groupe. Il leur enseigne les principales qualités d'un homme qui leur permettra d'affronter dignement et courageusement les épreuves de la vie.




 
                            Le jour de l'opération


Tous les enfants sont réunis dans un même endroit, toujours dirigés par le bawo. Les hommes adultes du lieu sont également présents. C'est le père qui choisit parmi les personnes désignées par le bawo, celle qui circoncira son ou ses fils.
La circoncision s'effectue soit debout, la tête de l'enfant est alors couverte d'un page, soit assise, l'enfant est alors placé sur un mortier.
Une fois le prépuce coupé, il est donné au père qui le remet à son tour à la maman. Cette dernière va l'enterrer dans un coin de la forêt. Les enfants revêtent alors la tunique et le bonnet blancs traditionnels des circoncis.


 
Les enfants, par la circoncision, deviennent des hommes. Mais ils ne sont admis dans leur société que le jour où ils "prennent le pantalon". Cette cérémonie se passe devant toute la communauté : ce jour-là, le père reconnaît son fils comme un homme et lui confie certaines de ses charges.


 
 


                                           LE MARIAGE
 

      Un mariage musulman
 
 
Est-ce que les mariés se choisissent ?


Ce n'est pas une règle générale. Encore beaucoup de mariages sont arrangés, en fait pour les Sénégalais, le mariage est avant tout une alliance entre deux familles. On accorde beaucoup d'importance à l'éducation de la famille. Souvent les mariages ont lieu entre les cousins, au moins l'entourage est connu ! En tout cas, les mariés doivent donner leur consentement : la femme a le droit de refuser un de ces prétendants.


                     Comment se prépare la mariée ?


Il existe tout un rituel pour préparer la mariée. C'est un jour très important pour elle, le passage du monde de l'adolescence à celui des adultes. La mariée est donc lavée selon un rituel bien précis, devant une assemblée de femmes, les sœurs du marié et les mères de la fille. Elle est installée sur une kande (une corbeille à ramasser les épis de mil). Les femmes présentes invoquent les ancêtres et versent un peu d'eau sur la tête de la jeune fille. Une fois lavée de la sorte, elle se vêtit de deux pagnes blancs, l'un à la taille et l'autre lui recouvrant le buste et la tête. Elle porte des gris-gris au cou pour la protéger des mauvais esprits.


Quand et où se célèbre le mariage ?


La célébration du mariage religieux a lieu après la prière du Asr (troisième prière de la journée, en milieu de l'après-midi). Tous les hommes se rendent à la mosquée, prient puis le marabout choisi prononce le mariage. Ce sont les pères des mariés qui donnent leur consentement devant des témoins : la mariée n'est pas présente à ce moment là.




                                        Pourquoi ?


Les mariés n'ont le droit de se voir que le soir. La mariée reste avec les femmes dans la maison. C'est un moment privilégié où les femmes transmettent à la mariée les comportements à avoir avec son mari, comment le séduire… C'est aussi le moment où elle se prépare.

Une fois le consentement donné, des bénédictions pour les mariés sont faites, et de la noix de cola est donnée à tous.


Qu'est-ce que la noix de cola ?


La noix de cola est un fruit amer qui vient du kolatier, mais qui a une portée symbolique très forte : il est signe d'union, de rapprochement, de pardon. Dans toutes les situations importantes, il y a de la noix de cola. Par exemple, si deux personnes se sont disputées et que l'une souhaite se faire pardonner, elle viendra voir la personne avec de la noix de cola.

 
Que se passe t-il ensuite ?


Les femmes, entourant la mariée, se dirigent vers la maison du marié en formant un cortège. Tout au long du chemin sont chantées des louanges de la jeune fille et de ses parents.
Après la mosquée, les hommes rejoignent les femmes dans la maison du marié. Là, tous les invités partagent le repas.


Quel est le repas de mariage le plus courant ?

Le tieboudiène évidemment, c'est le plat de fête par excellence. La boisson servie spécialement pour les mariages est le jus de gingembre aux vertus aphrodisiaques, de circonstance…

Combien de temps dure le mariage ?

La fête se poursuit alors toute la nuit : chants, musiques et danses animent le mariage. Pendant sept jours, les festivités du mariage continuent sur le même rythme. Le jour du wolima est le plus important, c'est le lendemain des noces. A cette occasion est égorgé un bœuf : la viande est distribuée. Mais les jeunes mariés ne doivent en aucun cas manger de cette viande le jour de wolima : des malheurs pourraient leur arriver...


                                           LES FUNERAILLES


Pour l'ensemble des Sénégalais, musulmans, animistes ou catholiques, la mort marque la fin d'une étape, mais non pas de la vie. Au contraire, la mort est le début de la vie éternelle, vie dont les réjouissances sont sans commune mesure avec les petits bonheurs que l'on peut éprouver sur terre. Bien sur, l'accès à cette vie supérieure est conditionnée par nos actes dans la vie ici-bas : la crainte de ce qui nous attend dans l'autre monde implique donc un certain comportement.






Chaque peuple du Sénégal a une manière particulière de célébrer ce passage. Chez les Diola, les cérémonies funéraires diffèrent selon que la personne est âgée ou jeune. Pour la mort d'une vieille personne, le deuil est célébré par de grandes festivités pendant trois jours. Par contre, s'il s'agit d'un jeune initié, les fêtes font place à un grand silence en hommage à celui qui n'a pas pu vivre longtemps.






Chez les Soninké, la mort n'est pas silencieuse. Les pleureuses, femmes dont la fonction est d'assurer les sanglots lors des décès, pleurent la vie du défunt en la magnifiant. C'est une manière d'assurer la mémoire de celui qui part. Le mort est nettoyé à l'eau chaude, appelé en soninké "eaux amères", selon un rituel musulman et sous la direction d'un marabout. Il est ensuite vêtu d'un linceul blanc ou habillé, puis mené au cimetière ou enterré dans la concession même, selon sa position sociale. Les défunts issus de clans puissants sont le plus souvent enterrés dans leur concession, afin de protéger leur dépouille. La famille redoute en effet que ses adversaires viennent prendre les os de la fesse, risquant alors de décimer le clan entier.


Selon la réputation du défunt, le village peut être en deuil jusqu'à huit jours. Pendant cette période, il est interdit de chanter, de danser et de jouer du tam-tam.